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Calme et attentif comme une grenouille, d’Eline Snel

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Je suis sophrologue de formation, avec une spécialisation en sophrologie ludique pour la pratique avec les enfants (et les adultes, car les adultes aussi ont besoin de ludique ;-) ).

J’ai également trois enfants : trois enfants charmants, plein de vie, de caractère, bouillonnant d’émotions, pas toujours faciles à canaliser. J’ai compris très tôt dans ma formation professionnelle que je pratiquerai souvent avec eux. Ils aiment cela, à condition que cela ne vienne pas trop empiéter sur leur temps de jeu !

Et un jour, mon grand qui est au CP est revenu à la maison avec le livre « Calme et attentif comme une grenouille ». Sa maîtresse l’avait acheté, l’utilisait en classe et me le proposait en lecture, sachant mon intérêt tout particulier pour ce sujet. Je me suis donc attelée à la lecture de ce livre avec enthousiasme !

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La première chose qui m’a plu c’est que j’y ai retrouvé mes deux grands centres d’intérêt : la parentalité positive et la sophrologie. (Certes, le livre se définit comme de la pratique de la Méditation de Pleine Conscience mais les liens sont très étroits entre les deux techniques).

Rien d’étonnant à ce que parentalité positive et sophrologie se retrouvent ensemble : la sophrologie est tournée vers l’épanouissement de la personne, de ses compétences propres, de son individualité. Elle est un outil pour laisser émerger ses potentialités. N’est-ce pas justement une des bases de la parentalité positive ? Offrir un environnement pour laisser s’épanouir toutes les potentialités de l’enfant ?

La sophrologie a également comme principes premiers de n’être que bienveillance, liberté et non-jugement. N’est-ce pas là-aussi des piliers fondamentaux de la parentalité positive ?

Bref, j’étais très enthousiaste !

Et certaines parties du livre m’ont même enchantée !

 

« Vous ne pouvez pas contrôler la mer. Vous ne pouvez pas empêcher qu’il y ait des vagues, mais vous pouvez apprendre à surfer, à surfer sans voiles. »

Et oui ! Moi, je dis également « Vous ne pouvez pas changer les autres, les événements, mais vous pouvez changer vos réactions, votre comportement ». C’est tellement ça ! L’acceptation de la situation telle qu’elle est, cette acceptation qui, une fois la lutte abandonnée, vous libère et vous permet enfin d’avancer.

Cela fait écho à une des dernières phrases du livre : « Beaucoup de personnes pensent à tort, qu’abandonner le contrôle signifie abandonner le désir de changer et accepter passivement ce qui est. L’acceptation doit être entendue comme un accueil qui ouvre des portes. On pense qu’autre chose va venir, sans manipuler, sans attendre, sans exiger. Cette attitude libère, elle donne la liberté de choisir la manière d’aborder votre vie et celle de vos enfants, quelles que soient l’ampleur et la force des vagues. » C’est une très belle leçon à apprendre à nos enfants… et à leurs parents !

L’auteur nous propose donc des techniques courtes et simples pour nous entraîner à cette acceptation, qui passe d’abord par l’étape de l’attention : être attentif à ce qui se passe, pour pouvoir l’accepter.

 

1, Faire attention, ça commence par la respiration.

La respiration, ce phénomène vital qui nous plonge immédiatement dans l’ « ici et maintenant ». C’est « ici et maintenant » qu’on respire, pas hier, pas demain. Maintenant. Il nous faut pour cela revenir à une respiration abdominale, profonde, apaisante. L’auteur propose aux enfants de prendre conscience de leur respiration à différents moments (en regardant un film en étant tendu, lorsque nous sommes heureux…). « De cette façon, les enfants deviennent de plus en plus conscients des mouvements respiratoires durant les moments d’angoisse, de tristesse, de détente et d’excitation. » De cette façon, les enfants apprennent qu’ils peuvent avoir confiance en leur respiration pour revenir à eux, à maintenant, et mettre de côté les pensées, les émotions envahissantes.

 

2, S’entraîner à l’attention

Être attentif, ouvert à ce qui passe autour de nous, passe par les sens. En sophrologie, on parle de « contemplation senso-perceptive ». Nous contemplons avec nos cinq sens : le toucher d’un objet, son contact contre notre peau, son odeur, le son qu’il émet ou au contraire le silence qui l’accompagne, son goût, nous apportent plus d’information que notre simple vision quotidienne, celle qui regarde sans réellement voir. Lorsque nous utilisons nos cinq sens, nous contemplons vraiment les objets et les personnes qui nous entourent, le monde dans lequel nous vivons et cette contemplation nous rend plus attentifs. Plus attentifs à la vie autour de nous, et, par ricochet, plus attentifs à la vie en nous. Et parce que nous sommes plus attentifs à la vie en nous, nous laissons toute la place à nos propres capacités, sans jugement, avec bienveillance. L’auteur nous propose de nous entraîner à utiliser nos sens en omettant volontairement les jugements : « tu n’aimes pas cela ? Ok, mais mettons-le de côté : quel goût a-t-il ? Quelle consistance ? Est-ce dur, mou, humide ? » Soyons attentifs, dans le non-jugement.

 

3, Quitter la tête, sentir le corps

Apprivoiser son schéma corporel pour mettre les pensées au repos, vivre le moment présent et s’apprécier tel que l’on est réellement. Écouter les signaux de son corps, découvrir ses limites et les accepter. Je retrouve là une des bases de la sophrologie. L’auteur nous propose également d’utiliser un « thermomètre » pour évaluer notre niveau de forme.

 

4, Orage en vue

« On peut comparer notre esprit à une grande pièce d’eau, un lac ou un océan. Comme dans toutes les pièces d’eau, des orages et des averses peuvent changer la surface en une masse tourbillonnante, avec de grandes vagues angoissantes. A d’autres moments, l’eau est comme un miroir, lisse et clair, au travers duquel vous pouvez regarder loin, profondément. Ainsi en va-t-il à l’intérieur de chacun de nous. Un changement d’humeur ou des émotions peuvent surgir à tout moment. Vous apprenez à tenir compte du temps qu’il fait à l’intérieur si vous vous abstenez de le chasser ou de vouloir qu’il en soit autrement. Vous vous placez dans la réalité, si vous n’exigez pas que le soleil brille quand il pleut à verse » (petite parenthèse : n’est-ce pas également l’essentiel du message de Vice-Versa ? Ce film merveilleux sur les émotions ?)

Accepter nos émotions. Les regarder avec bienveillance, sans jugement, accepter ce qu’elles sont, qu’elles font parties de nous mais ne sont pas « nous ». Et qu’elles ne font que passer. Là encore une des bases de la sophrologie. L’auteur nous propose ici la pratique du bulletin météo personnel, pour explorer son humeur et apprendre à l’accepter : « comment suis-je aujourd’hui ? Est-ce plutôt l’orage ou l’accalmie, la pluie ou la tempête ? » (je retrouve ici une pratique de la sophrologie ludique).

 

5, Gérer les émotions désagréables

« Si vous apprenez à vos enfants à reconnaître leurs émotions, à les sentir et à les supporter, vous leur procurerez un apprentissage fondamental. Les émotions et sentiments ne doivent pas être réprimés, transformés ni tout de suite exprimés. Il importe de simplement les éprouver, leur prêter de l’attention, une attention qui soit amicale. » […] « Il arrive que des émotions soient difficiles à supporter, notamment à cause des pensées et des actions qui les accompagnent, mais il n’y a pas d’émotions qui soient tout à fait insupportables. Par ailleurs, une émotion vous renseigne sur ce que vous vivez, mais pas toujours sur la réalité. »

« – On peut ressentir des émotions dans son corps […] sans pour cela se laisser entraîner par elles. »

« – On n’est pas des émotions, on a des émotions. »

« – Toutes les émotions sont naturelles, mais toutes les actions ne sont pas acceptables. On peut changer de façon d’agir, mais pas les sentiments. »

Ainsi en est-il, par exemple, de la colère, cette colère à l’origine de tellement de crises de nos enfants. Leur apprendre à reconnaître cette émotion, l’accepter, puis la laisser s’en aller, comme passe l’averse avant le retour du soleil. (Je vous renvoie également vers le très bon livre « Je veux maintenant, apprendre aux enfants à tolérer frustrations et déceptions » d’Elisabeth Crary.)

 

6, La fabrique des ruminations

Ce flot de pensées, d’idées, qui tournent constamment en nous, et que l’on ne peut pas arrêter. Mais que l’on peut, par contre, observer, mettre de côté, décider de ne pas écouter et même, refuser de croire. Pour ne pas les laisser nous miner, nous polluer.

« – Il ne faut pas croire toutes ses pensées. »

« – Les enfants ne sont pas leurs pensées : je ne suis pas assez intelligent est une idée, pas l’enfant. »

Or, pour ne pas laisser nos pensées nous envahir, il faut d’abord apprendre à les connaître. Pour cela, l’auteur nous propose, entre autres, de créer une « boite à ruminations », boite où déposer nos pensées qui tournent le soir, avant de nous coucher.

 

7, Être gentil, c’est agréable

« La gentillesse est l’une des qualités les plus essentielles de l’être humain. C’est comme une douce pluie qui arrose tout, sans oublier la moindre portion de terre. La gentillesse ne juge pas – du moins quand il s’agit de véritable gentillesse. Elle va droit au cœur. Elle permet de grandir, d’avoir confiance en soi et dans les autres. Elle console, soigne. Elle rend doux, elle ouvre l’esprit, même quand cela va mal ou qu’on est triste. »

A travers les exercices, nous prenons conscience des personnes que nous aimons, des personnes qui nous aiment. Nous prenons également conscience que parfois, nous nous comportons de manière désagréable (enfants comme adultes!) envers ces personnes, envers les autres. Et cette prise de conscience nous emmène vers plus de compassion. « C’est agréable d’être aimable, y compris pour soi-même. » L’auteur nous propose l’exercice du « je t’aime parce que » à écrire pour chaque membre de la famille, puis à regrouper pour que chacun puisse les conserver précieusement.

 

8, Patience, confiance et lâcher prise

« Notre vie serait bien plus agréable si nous avions la patience d’une chenille qui attend dans son cocon de devenir papillon, si nous avions encore la confiance d’un nouveau-né et si nous pouvions lâcher prise comme une feuille en automne . »

Mais ce n’est pas possible. Ou en fait, si, c’est possible. Avec un peu de pratique (que ce soit la sophrologie ou la méditation pleine conscience).

A travers les visualisations, l’auteur nous propose d’expérimenter nos désirs, les souhaits qui nous tiennent à cœur. Même quand il est question de souhaits irréalisables. « Il ne s’agit pas de manipuler la réalité en fonction d’un souhait, mais de comprendre que tout vient à changer. »

Soit parce qu’elles changent d’elles-mêmes, soit parce que c’est notre regard dessus qui change.

 

En tant que sophrologue, je ne peux qu’adhérer à tout ce qui est avancé et proposé dans ce livre. C’est un merveilleux outil à mettre entre les mains de tous les parents, de tous les enseignants, de tous les éducateurs.

Toutefois, je me demande s’il est adapté à tous les enfants. Tous ont-ils la patience de rester ainsi, statique, à méditer ? Peut-être faudrait-il aussi proposer à certains des méthodes plus dynamiques ?

Mais quoi qu’il en soit, ça reste un merveilleux outil.

 

Un cadeau à offrir aux enfants et à leurs parents : être « eux », ici et maintenant.



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